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lundi 1 décembre 2014

Arolondo, l'artiste du "rien n'est gâté"


Arolondo est artiste plasticien, créateur des œuvres de don de l'esprit comme il me l'indique lors d'un entretien mené avec lui. Du rap à l'artisanat, de la récupération à la performance, Arolondo est un artiste né dans la rue. Il crée à partir de cet espace et des éléments qui l'occupent. Collectionneur de sacs plastiques pure water, glâneur d'objets rouillés, de plastiques brûlés, de canettes écrasées, il puise son inspiration dans tout ce qui est gâté, partout où se trouvent les déchets, dans les espaces désorganisés. Il aime donner de l'ordre et faire revivre les éléments voués à l'oubli.


Arolondo et son amie Soniart








"L'Afrique est rempli de poubelles, tout ce qu'on touche on le jette. Pensons à transformer les objets, à leur redonner une seconde vie comme j'essaie aussi de donner espoir aux enfants des rues de survivre encore longtemps. Par exemple, un objet pointu dans la rue peut faire crever une moto, qui peut faire tomber quelqu'un qui allait dans un programme pour un moment précis. Et voilà, simple crevaison, ça peut déjà causer un retard et lui faire rater son programme. Hors, cet objet qui traîne par terre pour causer ce dégât, quand je le trouve en allant dans mon programme, pouf ! je le prends, je le mets dans un autre sac donc toujours "Arolondo, sac au dos". On m'appelle Arolondo, sac au dos parce que chaque fois que je m'en vais, je garde toujours un sac pour sauver les objets qui m'intéressent dans la rue partout où je passe. Le concept est le "noun démambglé" : le rien n'est gâté. Si vous remarquez autour de moi, les canettes, les habits usés, les chaussures, les sacs gâtés, rien n'est gâté (...) histoire de rendre un peu propre notre environnement. Par exemple, à Cotonou, tu ne fais pas 5 mètres sans trouver un sachet d'eau pure water par terre ; ça joue un grand désordre dans le domaine du bio-dégradable. Une fois le sachet par terre, ça peut faire 300 ans sans être pourri, ça empêche l'eau d'aller en profondeur pour la terre, ça empêche aussi les potagers et les plantes de pousser. Le concept du "noun démambglé", c'est mon histoire même car mes parents se disaient que j'étais un enfant gâté parce qu'une fois l'école abandonnée, j'ai commencé ma vie dans la rue, avec le hip hop, mon papa disait "après tout l'argent investi dans l'école jusqu'à maintenant, tu es devenu n'importe quoi, tu remplis ma maison de poubelles, je ne comprends rien, tout est gâté, mon argent est gâté, c'est foutu." Donc pour lui montrer que rien n'est gâté, j'insiste beaucoup sur les récup', la récup' est plus chère pour moi que tout dans ma vie parce que ça porte une partie de mon histoire. Personne ne croyait à ma réussite mais aujourd'hui, c'est moi Arolondo partout dans les rues. J'ai commencé par adopter ma politique d'installer mes œuvres à la portée des gens, de la population qui deviennent des repères dans le quartier."

Extrait de l'entretien mené avec Arolondo, novembre 2014.


Arolondo est le prince héritier du roi Kpengla (règne de 1774 à 1789).


Voici son palais qui abrite les œuvres présentées ci-dessus.


L'emblème du roi Kpengla est un oiseau et un fusil. L'oiseau tient une pierre dans son bec. Sa devise est : "Dans l'eau, la pierre ne sent ni ne craint la fraîcheur."
Le jour de ma visite, l'entrée du palais sert d'espace de recensement pour les prochaines élections ce qui explique les dizaines de listes collées au mur sur lesquelles on peut apercevoir quelques visages d'habitants du quartier !






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