Trève ouidesque

Une petite pause s'imposait après ce mois intense passé à Cotonou : dessiner ; parler d'art ; rencontrer artisans, patrons de garages auto-moto et patrons de pêche ; suivre ces nouveaux flux et ces mouvements ; négocier ; être patient ; partager et transmettre ; comprendre, analyser les codes et les langages différents du nôtre ; parler de performance à un jeune public formidable ; échanger autour des œuvres du Frac des Pays de la Loire, débattre autour de l'utilité de l'art, d'un geste quotidien devenant acte de création auprès d'habitants, de danseurs et d'artistes plasticiens ; siroter des lagunes, goûter l'aloko, la carpe et l'attiéké ; savourer papaye et ananas-pirogue en regardant la mer le dimanche ; éviter flaques géantes et bosses sur la route des pêches ; courir à travers les vons cotonoises ; mettre 1 heure pour faire 3 copies noir et blanc ou une demi journée pour activer une sim ; écouter le vent et l'orage tropical comme jamais nous n'en n'avions entendu ; croiser des boucs en duel sur un rond-point de Cotonou, des poussins portant un fragment de pagne à l'aile comme repère ou encore les escargots béninois mesurant 15 cm de long ; découvrir à chaque coin de rue le talent des peintres d'enseigne ; entendre des enfants parfois 285 fois par jour : "Yovo yovo*, bonsoir / ça va bien, merci". 
* yovo = le blanc

Direction Ouidah, cité historique et haut lieu du patrimoine béninois. Nous découvrons cette petite ville chargée d'histoire : Route des esclaves, Porte du non retour, Fort portugais... les merveilleuses sculptures de Cyprien Tokoudagba, grand artiste béninois. Et aussi le Musée de Ouidah ouvert par la Fondation Zinsou en novembre dernier qui est le premier musée d'art contemporain en Afrique subsaharienne. Un vrai régal de visiter enfin une exposition, accompagnée par la médiatrice Raymonde qui connaît son discours sur le bout des doigts !
Tout cela avant de reprendre le taxi brousse vers Porto-Novo où nous poursuivons la résidence de création jusqu'au 15 novembre prochain.